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Et ils se remarièrent dans un BMR



En fait, nous vécurent heureux, jusqu’à ce que…


Ce matin-là, on en pouvait plus l’un de l’autre. Ni lui de moi ni moi de lui ! On a donc retiré nos alliances et changé nos statuts Facebook. Dorénavant libres, on a embarré nos bagues dans un petit cadenas. 20 ans de vie à deux furent déposés au fond d’un boitier en forme de cœur, avec la clé, puis bien rangé. Après un parcours presque parfait, voilà que tout le pire, et pire encore, nous arrivait.

Sur deux ans, sans répit, autant d’épreuves que de malheurs ont eu raison de notre union. Épuisé de nous, on est allé voir ailleurs si on y était. Vivre ainsi à l’écart de notre vie à deux, apaisait nos corps et nos esprits. Perdus dans les parfums d’un autre, on retrouvait une partie de nous, écrasée sous le poids des années.


Et puis, comme toutes les tempêtes, la nôtre a fini par passer.

À force de temps, de conversation, de pardon et de respect, nous avons recollé le pot cassé. Pièce par pièce, morceau par morceau. Tout ce qui nous avait séparé, semblait soudainement nous rapprocher. Nos rancœurs partagées s’exprimaient librement et tout le reste s’expliquait simplement. Les craqures et ces milles défauts qui nous rendaient fou, tout à coup, devenaient futiles.

On se redécouvrait, riche du précieux trésor de notre légendaire complicité. Heureusement, des responsabilités nous unissaient encore. Les enfants, les maisons, les finances, l’entreprise et, peu à peu, tout ce que nous avions été ensemble, l’un pour l’autre. Archéologues de nous-mêmes, le recul nous a permis de relire notre histoire au-delà des ruines. À force de se dépoussiérer, on s’est rendu compte qu’à notre insu, nous avions bêtement évolué pour changer d’ère. Pour se reconnaître avec un regard nouveau, il aura fallu nous éloigner, pour se retrouver.


En vérité, tout bien additionné, on calcule que notre duo cumulera bientôt un quart de siècle. Ces années de notre séparation méritent-t-elles d’être conservé dans l’équation de notre union ? Oui. Renier cette reconstruction serait un piètre mensonge et dans les faits, on ne s’est jamais tout à fait soustrait un à l’autre.


Récemment, nous avons retrouvé la petite boîte en forme de cœur, dans laquelle notre alliance est restée cadenassée, avec la clé. Par un jeudi soir d’hiver, après un pique-nique pizza dans l’auto, une grosse césar et un petit rouge camouflé dans une grande gourde d’eau (Covid oblige), le perron de l’église St-Mathieu-de-Beloeil semblait l’endroit tout indiqué pour officiellement, échanger à nouveau nos anneaux. Clairement, on s’était trompé. La preuve, lorsqu’on a voulu déverrouiller le cadenas, niet, il ne s’ouvrait pas. Était-ce un mauvais présage ?


Au contraire ! Voyons donc, c’est clair ! L’endroit où renouveler nos vœux de façon sincère n’était pas un palier d’église mais plutôt, l’allée d’un BMR. Ainsi, un peu avant 21h, on a emprunté une paire de cutter dans la rangée 3, à gauche. C’est donc sous un éclairage aux néons que solennellement, on a coupé le cadenas, libéré et enfilé nos bagues avant de s’embrasser devant les caméras…de surveillance. Libre de s’unir à nouveau, discrètement, on a remis l’outil en place et retrouvé la sortie pour enfin vivre la suite d’une histoire…

À suivre ...(1/2)

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